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«Transidentité: un urgent besoin d’encadrement» par Christian Bibollet

8 décembre 2022

Les opérations de transition de genre chez les enfants doivent absolument faire l’objet de plus de contrôles et de prudence. Christian Bibollet est membre de la Paroisse de la Rive-Droite de l’Eglise évangélique libre de Genève. Il publie régulièrement des prises de position dans les grands journaux de Suisse romande. Notamment celle-ci publiée le jeudi 24 novembre 2022 dans le quotidien « Le Temps ». Une prise de position reprise sur le site de Radio R et dans la chronique d’« Un R d’Actu » du vendredi.

Depuis un siècle, on diagnostique des cas de dysphorie de genre (1) chez les garçons de 2 à 4 ans. Ils représentent deux tiers des incidences contre un tiers de filles. On parle dans ce cas de dysphorie à début précoce, persistante et non fluide: la personne se considère comme femme dans un corps d’homme ou homme dans un corps de femme, perception qui ne varie pas. Selon le DMS-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), 1 homme sur 10 000 souffre de cette affection (2).

D’après ce ratio, la Suisse – 9 millions d’habitants – compterait, grosso modo, 450 hommes et 225 femmes souffrant de dysphorie de genre. Cumulés, ces chiffres donnent moins de 700 cas, bien loin des 40 000 à 180 000 évoqués dans l’interview de Lynn Bertholet dans Le Temps (04.10.2022). Une différence aussi marquée suggère que ces derniers chiffres n’ont aucune base scientifique et qu’on associe autre chose aux cas de dysphorie de genre classique.

 

Une contagion sociale

Il faut effectivement noter que, depuis une dizaine d’années, de plus en plus de jeunes, en particulier des adolescentes, s’auto-diagnostiquent «dysphoriques». L’American College Health Association révèle qu’en 2008, 1 étudiante sur 2000 se déclarait «transgenre». En 2021, c’était 1 sur 20. Ce qu’on interprète aujourd’hui comme une contagion sociale dont YouTube et les réseaux sociaux seraient les principaux incubateurs, présente des caractéristiques particulières. D’abord, les proportions se sont inversées. Désormais, ce sont deux tiers de filles et un tiers de garçons qui souffrent de dysphorie de genre. Ensuite ces dysphories se déclarent à l’adolescence. Elles ont un développement rapide et sont souvent non persistantes, selon une étude de 2021 (4). Trois quarts des patients se réconcilient en effet avec leur sexe biologique entre 18 et 23 ans.

 

Une transition sociale, médicamenteuse, puis chirurgicale

La manière de traiter ces cas a aussi changé. Récemment encore, les traitements de réassignation de genre n’étaient accordés qu’aux adultes dont on avait diagnostiqué la dysphorie dans l’enfance. Leur prise en charge prévoyait une «évaluation approfondie» déployée à travers des thérapies dites «d’attente vigilante». Elle comprenait une psychothérapie exploratoire et un encadrement psychothérapeutique sur plusieurs années. Au cours de la décennie écoulée, tous les pays qui ont adopté une politique transaffirmative ont enregistré une croissance exponentielle des cas. Totalement acquis à l’idée que des mineurs avaient la capacité de s’autodéterminer sur leur identité de genre et de prendre la mesure de toutes les implications de leur décision, des centres spécialisés en Suède, aux Pays-Bas et en Angleterre ont mis en place des procédures accélérées. Oubliant toute prudence, ils ont permis à leurs jeunes patients de faire suivre leur transition sociale d’une transition médicamenteuse et, dans bien cas, d’une transition chirurgicale, les deux dernières ayant des effets irréversibles (5).

 

Des regrets et des procès aux autorités

Depuis quelques années, cependant, un nombre croissant de jeunes expriment des regrets, et certains intentent même des procès aux institutions qui ont rendu leur transition si facile. Une étude a listé les raisons de leur revirement: 70% ont compris que leur dysphorie était liée à d’autres problèmes; 62% redoutaient les effets à long terme des traitements sur leur santé; 50% ont constaté que leur transition n’a pas résolu leur dysphorie de genre, etc. Les mêmes qui, sur les réseaux sociaux, leur avaient présenté la transition comme la solution à toutes leurs souffrances, leur interdisent maintenant de parler et les désignent comme des traîtres.

 

Un encadrement strict de ces transitions !

Cette situation met en évidence la nécessité d’instaurer dans les meilleurs délais un encadrement strict de ces pratiques. D’abord parce que les équipes pluridisciplinaires qui ont mission d’accompagner ces jeunes patients répondent trop hâtivement à leurs demandes. Ensuite, parce que les parents qui souhaitent donner du temps à leurs enfants pour explorer d’autres solutions que la transition risquent de faire l’objet de dénonciation pour maltraitance. Enfin, parce que les jeunes qui entament une transition, ne serait-ce que sociale, subissent des bouleversements personnels extrêmement profonds et troublants (6) qui ne leur garantissent pas qu’à l’issue de leur parcours, ils iront mieux. De plus, on ne connaît pas les effets à long terme des bloqueurs de puberté, raison pour laquelle Christopher Gillberg, psychiatre suédois à la renommée incontestée, a demandé un moratoire immédiat sur leur utilisation.

Christian Bibollet

Notes
1 La dysphorie de genre est un terme médical utilisé dans le manuel de l’Association américaine de psychiatrie (APA) pour décrire la détresse d’une personne transgenre face à un sentiment d’inadéquation entre son genre assigné et son identité de genre (Wikipédia).
2 American Psychiatric Association, « What is Gender Dysphoria ? ».
3 Transidentité: «Le manque de connaissances peut aboutir à des erreurs médicales».
4 Society for Evidence Based Gender Medicine, « Detransition: a Real and Growing Phenomenon ».
5 Lire également: « Facilitation du changement de sexe: ‘Ce projet pourrait vraiment ne pas être une avancée’ ».
6 Lisa Litmann, « Individuals Treated for Gender Dysphoria with Medical and/or Surgical Transition Who Subsequently Detransitioned: A Survey of 100 Detransitioners », Society for Evidence Based Gender Medicine.

Ecouter la chronique « Un R d’Actu du Vendredi » avec Christian Bibollet.


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