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«L’Ukraine tousse et l’Afrique tremble» par Dodji Juliette Kpessou (Bénin)

1 septembre 2022

« Ukraine, le 16 août 2022 : départ du premier navire de l’ONU chargé de céréales pour l’Éthiopie » ; c’est le titre d’un article publié sur le site de Radio France Internationale. L’information stipule que c’est le premier navire humanitaire affrété par l’ONU pour transporter des céréales ukrainiennes, quelque 23’000 tonnes pour les consommateurs éthiopiens.

Le mot qui retient l’attention est humanitaire. On se pose donc la question : comment un pays sous les bombes russes peut-il continuer d’être le grenier du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique ? Pour l’Éthiopie, on parle de 100 millions d’habitants en 2017 (vudaf.com). En termes de superficie, ce pays à l’est du continent africain est dans le top 10. Sapristi !!!

Un autre élément. La Tribune à Paris publie sur son site le 10 mars 2022 : « Les pays africains ont importé des produits agricoles d’une valeur de 4 milliards de dollars en 2020 provenant de la Russie. Environ 90 pour cent de ces produits étaient du blé. La même année, l’Ukraine a exporté pour 2,9 milliards de dollars de produits agricoles vers le continent. Environ 48 pour cent de ces produits étaient du blé. »

L’Ukraine nourrit l’Afrique

Socrate serait-il un visionnaire lorsqu’il déclarait dans la Grèce antique, je cite : « Aucun homme ne peut être qualifié d’homme d’État, s’il est totalement ignorant des problèmes du blé. » Et depuis que la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine le 24 février 2022, tous les chefs d’États africains l’ont appris à leurs dépens. Plus récemment, face à cette vérité presque inaudible de la dépendance alimentaire fâcheusement humiliante et rédhibitoire pour le troisième continent du monde, Paul Kagame, le président rwandais, a lancé un coup de gueule qui a donné naissance à une phrase devenue célèbre et reprise par des panafricanistes de la dernière heure. Déclaration relayée par l’Agence Ecofin sur sa page Facebook, le 14 juin 2022 ; « Il est inacceptable que l’Ukraine, un pays de 44 millions d’habitants, nourrisse l’Afrique, un continent de 1,4 milliard d’habitants. »

La baguette, star du petit-déj au Bénin

Et pourtant, au Benin, le tandem Russie-Ukraine qui, jusque-là, était méconnu du Béninois lambda est sur toutes les lèvres. On s’est vite rendu compte que la vie ne tourne plus seulement autour de notre traditionnelle pâte de maïs, avec une bonne sauce de noix de palme aux soupçons de gombo, qui titillait les papilles des habitants du pays du roi Béhanzin. De même l’igname pilée avec la bonne sauce d’arachide ou encore le mantindjan, etc. ne sont plus tellement à l’affiche du menu du petit déjeuner. Les mœurs ont bien changé ; la baguette de pain est aujourd’hui la star du quotidien alimentaire béninois. Le pain qui a pour ingrédient principal le blé. Sapristi, dirais-je encore ! Non, je préfère le dire en langue locale Fon : « Akoba ! » Tout le monde a vu rouge lorsqu’un beau matin, chez le boulanger ou la revendeuse du quartier, la petite baguette de pain qui faisait déjà des siennes avec la ration devenue entre-temps trop petite est passée de 125 francs, soit 0,19 euro à 200, soit 0,31 euro.

Le gouvernement du président Patrice Talon a alors suivi le conseil du philosophe Socrate pour éviter une insurrection alimentaire. Le conseil des ministres du 23 mars 2022 a pris d’importantes mesures de soutien aux populations face à la flambée des prix en subventionnant certains produits de grande consommation : le blé, le riz, l’huile végétale, les produits pétroliers…

« Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ! »

Le citoyen béninois a donc retrouvé le sourire, car il peut désormais acheter sa baguette de pain au prix habituel. Mais comment en est-on arrivé là ? Comment le pain s’est-il installé dans nos cuisines sans crier gare ? Comment a-t-il pu si fortement remplacer la galette de haricot associée à la bouillie de farine de maïs, de mil, de sorgho, de soja ou de manioc qui sont fortement cultivés sur nos terres ? La réponse, je la laisse à notre réflexion. En attendant, prions fortement pour le bout du tunnel de cette fâcheuse guerre et disons comme dans la prière de notre Seigneur Jésus-Christ : « Notre Père qui es aux cieux… donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien…»

Dodji Juliette Kpessou
Journaliste et animatrice à Radio Hosanna
Porto-Novo, Bénin


Les opinions du lecteur
  1. Olatonji Moses   le   3 septembre 2022 à 10:21

    Allô! DJK, merci pour cette chronique qui nous interpelle tous, petits et grands…

    En effet, nous africains (es) avons le regard trop tourné sur l’extérieur. Tout ce qui vient de l’extérieur est beau… Ceci pour expliquer comment nos mets locaux ont pu facilement être remplacé dans notre quotidien.

    L’autre problème soulevé sur la question de la subvention ukranienne en Afrique trouvé son essence dans l’aveuglement des africains en général, à commencer par la tête. « Comment le voleur peut-il casser une maison s’il ne garde prisonnier l’homme fort de la maison? » Ceci pour dire que c’est le manque de volonté politique. Nous avons des pays qui ont fait leur preuve sur le territoire africains. Je veux nommer le Ghana. « Je dis quoi même? »

    Les africains n’ont jamais été un exemple pour leur semblable sinon, manquons en Afrique autant de valeurs et d’exemples? N’avons-nous pas de référence?

    Dans nos écoles et universités, nous étudions les pratiques, théories et philosophie étrangères à nous. Comment pouvons nous reproduire ou nous en servir?

    Les africains doivent se lever et ça, je crois que c’est une volonté politique. Vivement que des J.J. Rawlings naissent dans chaque pays africain.

    C’est la réponse d’un observateur irrité contre l’aveuglement intellectuel.

    Bien à tous.

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