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«Les énergies fossiles, des investissements à haut risque» (2) par Steve Tanner

24 mars 2023

L’actualité de cette semaine, c’est la chute de Credit Suisse. Dans une situation de crise énergétique et climatique, peut-on établir des liens entre instabilité énergétique et financière ? Dans sa deuxième chronique sur l’énergie, Steve Tanner, ingénieur et président d’A Rocha Suisse, montre que de nombreuses raisons devraient nous pousser aujourd’hui à renoncer aux énergies fossiles. Une opinion à lire et à écouter sous forme de chronique d’« Un R d’Actu ».

Les investissements réalisés par Credit Suisse dans les énergies fossiles durant ces six dernières années représentent une part proportionnellement plus importante que la majorité des autres grandes banques. Par exemple, trois fois plus que UBS. On peut donc se demander dans quelle mesure de tels investissement sont aujourd’hui à haut risque.

Les risques des énergies fossiles

L’argent injecté dans les énergies fossiles est un risque avéré pour nous tous : cela donne des moyens supplémentaires à une industrie qui détruit le climat de la Terre. Mais ces investissements sont de plus en plus catégorisés comme à risque (donc pouvant être perdus) pour les raisons suivantes : le risque géopolitique, le risque juridique lié aux accords de Paris qui ne sont pas respectés. Et le risque de coûts de production des fossiles de plus en plus élevés, alors que le prix des énergies renouvelables ne fait que baisser. Aujourd’hui, un kilowattheure solaire est déjà meilleur marché à produire qu’un kilowattheure fossile. Il y a aussi la pression des régulateurs, par exemple l’interdiction de la voiture thermique en Europe d’ici à 2035, qui ne donne heureusement plus envie d’investir dans le pétrole.

Des bénéfices financés par l’argent publique

Pourtant, les « majors » du pétrole ont fait des bénéfices records l’année passée. On parle de 300 milliards de dollars de bénéfice. Après des années de pertes, ils ont profité de la guerre en Ukraine pour se refaire une santé. C’est du pur opportunisme, pour ne pas dire de l’extorsion. Car durant cette même année, les Etats ont versé plus de 1000 milliards de dollars de subventions pour permettre aux citoyens de s’acheter de l’essence, du diesel ou du gaz, à cause des prix indécents fixés par les producteurs. Cela représente plus de trois fois leurs bénéfices ! En fait, c’est l’argent publique qui a financé ces bénéfices. Saudi Aramco, par exemple, a gagné près de 50 milliards de dollars ! Nous enrichissons des Etats totalitaires, et au passage nous nous appauvrissons massivement. Nous restons entièrement dépendants d’eux pour fonctionner. On ne peut pas faire pire !

Tourner le dos aux énergies fossiles dès aujourd’hui !

Revenons à Credit Suisse : quelle leçon peut-on tirer de cette débâcle ? Cela fait plus de 10 ans que la pression montait sur Credit Suisse pour que cette banque réduise ses investissements dans les énergies fossiles. Souvenons-nous des activistes du climat qui ont joué un match de tennis dans la halle de cet établissement financiers à Lausanne en 2018, pour dénoncer ces investissements. Au lieu de les écouter, la banque a préféré porter plainte, et la justice les a condamnés. Cette justice ne va pas inquiéter les anciens directeurs de Credit Suisse qui ont empoché 150 millions de bonus et qui ont mené l’établissement à la ruine. Ce qui est arrivé à Credit Suisse est à l’image de ce qui arrivera à l’Europe si elle ne sort pas rapidement des énergies fossiles : elle paiera de plus en plus cher pour quelque chose qui détruit son avenir.

Des investissements plus sûrs et qui ne détruisent pas le climat, c’est donc ce que les banques, et en particulier les banques suisses, devraient faire. Mais aussi les caisses de pension, qui investissent également nos retraites dans les énergies fossiles. Il est bien plus sûr et utile pour notre avenir que cet argent soit investi dans les énergies renouvelables, avec des retours sur investissement plus longs, mais garantis. Il est plus rentable d’importer des panneaux solaires que du pétrole !

Choisir son établissement bancaire ou sa caisse de pension

J’y vois une analogie avec la sagesse biblique : être prévoyant, faire passer les intérêts humains avant les intérêts financiers, ne pas être complice de l’injustice climatique. Pour moi, chrétien, chute ou pas de Credit Suisse, ce sont des raisons suffisantes pour tourner le dos aux énergies fossiles dès aujourd’hui. Donc informons-nous sur les pratiques de nos banques et de nos caisses de retraite, et n’hésitons pas à changer d’établissement. En tant que citoyens, nous avons une petite influence, utilisons-la !

Steve Tanner
Ingénieur et président d’A Rocha Suisse

Ecouter la deuxième « Chronique de l’énergie » de Steve Tanner : « Les énergies fossiles, des investissements à haut risque ».


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