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« La générosité, un mouvement qui s’enracine en Dieu » par Pierre Bader

6 octobre 2022

J’aimerais vous raconter une histoire qui m’a fait beaucoup réfléchir en même temps qu’elle m’a amusé. On m’a raconté à plusieurs reprises un petit jeu de générosité auquel des gens se sont essayés. Dans un drive-trough (vous savez, ces restaurants de type MacDo où on commande depuis sa voiture), une personne a décidé de payer non seulement sa commande, mais aussi celle de la voiture derrière elle… comme cela, pour le fun et pour exercer la générosité de façon anonyme. Plusieurs personnes m’ont raconté différentes expériences de ce type. Et le résultat a souvent été le même : la personne à qui la voiture de devant avait offert le repas a décidé à son tour d’offrir le repas à la voiture derrière elle.

Dans un des cas, 5 heures plus tard, la personne qui avait lancé le mouvement est revenue pour voir ce qu’il en était : et bien, cela fonctionnait toujours ! Chacun se voyait offrir son repas par la voiture de devant et décidait librement d’offrir le repas à la voiture de derrière.

Le bon cadre

On va donc parler d’argent (pas seulement mais quand même). Alors il faut tout de suite donner le bon contexte : quand on parle argent ou générosité, souvent les gens mettent cela dans le mauvais tiroir : “payer mes factures”, “soutenir mon église” ou “donner à une œuvre de charité”. C’est tout à fait vrai : une partie de la question de l’argent se pose à ce niveau-là. Mais quand Jésus en parle, il met l’argent dans le tiroir “Royaume de Dieu”. « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l’un et aimera l’autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon » (Matthieu 6:24). Mammon était le nom d’une divinité. Jésus nous dit très clairement que la première question sur l’argent, la plus fondamentale, n’est pas pratique mais spirituelle. Jésus parle tout de suite de l’état de mon cœur et de ma façon de me positionner dans le monde spirituel.

Dans l’organisation où je suis engagé depuis des années, plusieurs centaines de nos pasteurs ont eu leurs maisons et tous leurs biens brûlés il y a quelques années. Nos leaders sont allés passer du temps avec eux dans l’endroit où ils s’étaient réfugiés. Un d’eux a dit : “A moi, ils n’ont rien brûlé. J’avais tout donné à Jésus ; c’est à lui qu’ils ont fait cela, pas à moi!” La question n’est pas richesse ou pauvreté au final, mais l’état de mon cœur et de ma relation à Dieu

La veuve et ses deux pièces

Et c’est bien ce que nous raconte une histoire un peu bizarre de l’Évangile de Marc (12.41-44). Dans le temple, il y a un endroit où les gens donnent de l’argent en offrande. Jésus s’assoit en face et il regarde ce qu’ils font.

Jésus semble très mal élevé : il s’assied à côté du panier dans lequel les gens mettent de l’argent et il regarde ce qu’ils mettent (j’aurais voulu être là ou que l’Évangile nous raconte la tête des centaines de personnes qui sont passées devant Jésus pour déposer leurs offrandes et Jésus qui regarde ce qu’ils mettent sans rien dire). Si j’avais été un disciple, je me serais retiré de quelques pas, parce que, vraiment, cela ne se fait pas de regarder ce que les gens mettent dans les troncs pour l’offrande à l’église.

De nombreux riches mettent beaucoup d’argent. Pas de commentaire de Jésus… peut-être juste un “hum” ou un sourcil qui se lève… on ne sait pas. Une veuve pauvre arrive, et elle met deux pièces qui ont très peu de valeur. Deux pièces de cinq centimes ou quelque chose comme cela. Alors Jésus appelle ses disciples… Vous savez, ceux qui se sont retirés, parce qu’ils trouvaient que Jésus faisait quelque chose de très gênant… et il leur dit : « Je vous le dis, c’est la vérité : cette veuve pauvre a donné plus que tous les autres. 44 En effet, tous les autres ont mis de l’argent qu’ils avaient en trop. Mais elle, qui manque de tout, elle a donné tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

C’est une histoire qui pourrait s’appeler : “A quoi ressemble la générosité quand je suis pauvre ? ” La question est : de quoi parle cette histoire ? Du trait de caractère qu’on appelle la générosité? c’est-à-dire il y a des gens généreux. Cette femme était généreuse de nature et moi pas : chacun son truc! Non, cette histoire parle selon moi d’autre chose…

A votre avis, quand commence cette histoire ? Elle commence à la maison quand cette femme choisit de faire confiance à Dieu pour son quotidien. Cette histoire commence très probablement dans le secret de la prière entre elle et son Dieu. Une veuve, à l’époque, n’avait souvent presque aucun revenu : elle sait ce qui reste dans son porte-monnaie. On n’est pas encore à la fin du mois et elle en parle avec son Seigneur. Et visiblement, elle choisit de Lui faire confiance. C’est là que commence l’histoire.

Et comment finit cette histoire ? On ne sait pas, mais parce qu’elle a donné deux pièces, elle n’a pas forcément reçu vingt ou deux cents pièces d’argent. L’histoire ne le dit pas. C’est-à-dire, le début de l’histoire n’est pas sa pauvreté ou sa générosité, mais qu’elle est inscrite dans la générosité de Dieu. La fin de l’histoire n’est pas qu’elle va finir infiniment pauvre ou qu’elle recevra au centuple. « La fin de l’histoire est la générosité », dit Jésus.

Ce que Jésus souligne c’est le côté “amour sacrificiel”, oser faire confiance quand cela me coûte. A quoi cela ressemble dans ma vie, c’est à moi de voir ! Avec ma femme, nous avons eu énormément de monde à la maison pendant plus de 20 ans (et on en a toujours pas mal) : la tension pour moi était de prendre du temps pour écouter. C’est cela qui me coûte, quand j’aurais tellement voulu pouvoir arrêter de donner de mon attention et de mon temps.

Qu’est-ce qui vous coûte ? C’est une bonne question posée dans ce texte, mais je ne veux pas approfondir dans cette direction. Ni au début ni à la fin. J’aimerais vous montrer comment la générosité fonctionne. Dans une mentalité de pauvreté, on part de soi : je suis pauvre et j’espère l’intervention de Dieu pour que je finisse moins pauvre. Je suis pauvre, Dieu est bon, généreux je suis riche (moins pauvre).

Dans la théologie de la prospérité, on est à la fin du processus, les bénéficiaires finaux. Dieu est bon, je lui obéis je finis riche. Mais en fait, la générosité n’est possible que si on commence par la générosité de Dieu, qui traverse ma pauvreté et qui finit chez l’autre. Dieu est généreux pour moi.

Moi, je suis pauvre. Je donne la générosité de Dieu : c’est cela le truc très bizarre. Je ne donne pas mes richesses, je donne la richesse de Dieu ; ce n’est donc pas très grave si je suis plutôt pauvre ! On n’est pas à l’origine de la générosité et on n’est pas à la réception de la richesse. En fait la générosité nous traverse et elle coupe en moi, non sans douleur parfois !

Nos pasteurs en Asie, pendant la Covid, nous ont dit ceci : “On n’a pas eu le temps de manquer parce qu’on a été trop occupé à donner, à prier, à nourrir, à rassurer.”

Multiplication des pains et poissons

Est-ce que je suis clair ? Voici un autre exemple. L’histoire de la multiplication des pains et des poissons. Vous la trouverez dans l’Évangile de Matthieu (14.13-21). Jésus le refera un peu plus tard dans l’Évangile (c’est rare qu’on comprenne les choses du premier coup !). C’est un récit très structuré avec des chiffres, une organisation précise, un résultat chiffré à la fin : cela va plaire à certains ! Alors prenons les choses dans l’ordre. Les disciples exposent une situation (les gens ne vont pas arriver à trouver à manger) et un besoin clair et précis. On m’a souvent dit : “Fais des demandes claires et précises à Dieu quand tu pries (sous-entendu, la réponse viendra plus vite!). Il m’est même arrivé de dire aussi à Dieu ce qu’il devrait faire. Là, les disciples suggèrent fortement à Jésus ce qu’il devrait faire : « Renvoie les gens dans les villages. Là, ils pourront acheter quelque chose à manger. »

13 Quand Jésus apprend cela, il part, seul, dans une barque pour aller dans un endroit isolé, loin des gens. Mais les foules l’apprennent. Elles sortent des villes et elles suivent Jésus en marchant au bord de l’eau. 14 Quand Jésus descend de la barque, il voit une grande foule. Son cœur est plein de pitié pour eux, et il guérit leurs malades. 15 Le soir arrive. Les disciples s’approchent de Jésus et ils disent : « Il est déjà tard et cet endroit est isolé. Renvoie les gens dans les villages. Là, ils pourront acheter quelque chose à manger. » 16 Jésus leur répond : « Ils n’ont pas besoin d’y aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » 17 Ils lui disent : « Nous avons ici seulement cinq pains et deux poissons. » 18 Jésus leur dit : « Apportez-les-moi. » 19 Ensuite, il commande aux foules de s’asseoir sur l’herbe. Jésus prend les cinq pains et les deux poissons. Il lève les yeux vers le ciel et dit une prière de bénédiction. Il partage les pains et les donne aux disciples, puis les disciples les donnent aux foules. 20 Tous mangent autant qu’ils veulent. On emporte les morceaux qui restent : cela remplit douze paniers ! 21 Il y a environ 5000 hommes qui ont mangé, sans compter les femmes et les enfants.

La réponse n’est probablement pas celle qu’ils attendaient : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » Première leçon de la journée : la générosité de Dieu ne va pas passer par les autres, mais par moi, par nous! Mais surtout, deuxième leçon de la journée : pas besoin d’être riche. Ils lui disent : « Nous avons ici seulement cinq pains et deux poissons. »

En fait ils sont super pauvres ! Il y a environ 5 000 hommes qui ont mangé, sans compter les femmes et les enfants. Donc 15000 ou 20000 personnes ! En terme actuel, on ne parlerait pas d’insécurité alimentaire mais de famine grave si plusieurs milliers de personnes n’avaient rien à manger.

Une personne m’avait expliqué ce miracle très simplement : quand ils ont vu Jésus sortir son pique-nique et dire les grâces, ils ont sorti leurs pique-niques. Il faudrait peut-être lire la Bible avant de dire trop d’âneries : ils n’ont rien ces gens ! En fait même Jésus est pauvre dans ce récit ; il n’a rien à lui ; il ne possède ni l’argent pour acheter à manger ni un food-truck qui attend caché derrière la colline.

Mais en fait la leçon principale n’est pas encore arrivée. Jésus prend les cinq pains et les deux poissons. Il lève les yeux vers le ciel et dit une prière de bénédiction. Il partage les pains et les donne aux disciples, puis les disciples les donnent aux foules. Question : à quel moment cela s’est-il multiplié ? Quand il remercie Dieu ? Sûrement pas : vous imaginez Jésus qui doit porter dans ses bras la nourriture pour 15000 personnes ?! Quand il partage les pains et les donne aux disciples ? Non, le texte dit qu’il a donné cinq pains et deux poissons.

Ou est-ce que cela s’est multiplié quand les disciples les donnent à leur tour à la foule ? Je crois qu’il n’y a pas eu multiplication jusqu’à ce qu’ils donnent ! Jésus a donc remercié quand il n’y avait pas assez : moi aussi, je sais être reconnaissant même quand il n’y a pas assez et les disciples ont donné quand ils étaient encore pauvres !!!

La leçon principale est que nous sommes des distributeurs de la générosité de Dieu. On est pas au début de la chaîne ni à la fin. On est au milieu pour passer plus loin. Le début de cette histoire se trouve dans l’intimité entre Jésus et son Père : il est dans la générosité de Dieu, le Père de Jésus. La fin n’est pas dans l’abondance ou la prospérité mais dans la gloire de Dieu, parce que, quand on lit cette histoire, à la fin, on dit : “Wouah !”

Une femme pasteur de notre organisation nous a raconté son histoire : elle était trop pauvre pour faire des études de médecine, mais s’est souvenue d’une parole de son pasteur : “Venez malade et repartez médecin.” Dans nos têtes, on dirait plutôt : “Venez malade et repartez guéris.” Non, son truc c’est : “Venez malade et repartez médecin.” Si au passage vous êtes guéris, tant mieux, mais cela ne change pas le résultat final : “Repartez pour donner plus loin !” Donc qu’est-ce qu’elle fait, elle qui ne sait pas guérir les gens puisqu’elle n’est pas médecin : elle prie et les guérit. Cela peut sembler simpliste, mais cette femme a compris ce que Jésus enseigne à ses disciples ce jour-là : être des distributeurs de ce que Dieu donne, pas de ce que j’ai.

Pas si facile ! Je me rappelle ma peur quand une nouvelle Église bien plus attractive que la nôtre est arrivée dans ma région et que les jeunes ont commencé à choisir. Il y avait ce cri en moi. “Ne venez pas me voler mes fidèles, mes jeunes !” Dit autrement : « Je ne pouvais pas être généreux, parce que je partais de ma pauvreté, celle de mon église, celle de mon ministère, celle de mon porte-monnaie, celle de mon être intérieur, celle de mon passé ou celle de futur. Je ne partais pas de sa générosité ! »

J’aimerais vous donner une image : celle du torrent de montagne ou du barrage. Le barrage est sage : quand il est plein, il donne son surplus ou même plus. C’est ce que nous sommes en train de planifier pour cet hiver afin d’affronter la pénurie. Le torrent semble idiot : il donne en aval 100% de ce qu’il reçoit en amont et on se demande toujours comment cela se fait qu’il continue de couler.

Mais l’histoire ne se finit pas avec : “Les disciples sont repartis avec les poches pleines”, mais : “Ils ont tellement donné que même eux sont repartis enrichis de la générosité de Dieu.” Chaque disciple est reparti avec un panier plein. Pour le garder pour lui ? S’ils l’ont fait, alors ils n’ont rien compris. La générosité vient de Dieu, ce n’est pas un trait de caractère que je pourrais avoir (ou pas); elle vient traverser ma pauvreté et elle me permet de donner.

Est-ce que je vais finir plus riche ou plus pauvre ? Quelquefois l’un, des fois l’autre. En fait cela ne change pas vraiment la donne, parce que je ne suis pas là pour donner mes richesses, mais pour recevoir la générosité de Dieu et la passer plus loin.

Conclusion

Nous faisons comme Jésus qui, bien que pauvre, a choisi de donner sa vie en premier. Il commence le mouvement, puis nous suivons. Nous donnons la nôtre. Comme dans la file des voitures au MacDo : chacun recevait gratuitement, alors il choisissait de donner plus loin ! Voilà, c’était mon message. Et si vous n’avez pas compris, je peux faire comme Jésus : je peux vous le refaire une deuxième fois !

Belle journée !

 

 


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