«Sel et lumière dans le chaos syrien – et ici!» par Rébecca Reymond (Portes ouvertes)

Plus de 50’000 personnes ont perdu la vie dans le tremblement de terre qui a ravagé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. En contact avec des responsables d’Eglise à Alep, Rébecca Reymond, chargée de communication de l’ONG Portes ouvertes Suisse, témoigne.

Imaginez: vous êtes un chrétien d’Alep, au nord de la Syrie. Vous venez d’endurer dix ans de guerre et deux de pandémie. Vous vivez, tant bien que mal, entre coupures d’électricité et ravitaillements difficiles en biens de première nécessité.

Votre joie, avec la poignée de chrétiens toujours présents en ville, ce sont les rencontres de prière, les chants et les fêtes célébrées année après année, malgré les circonstances difficiles, et le fait de pouvoir offrir de l’aide et de l’espoir à la communauté de votre quartier, grâce au soutien d’ONG actives dans la région.

Vous pensiez que la situation allait peut-être enfin s’améliorer un peu pour vous et pour les quelque trois pour cent de chrétiens que compte la Syrie, que dans le pays qui vous a vu naître, il serait à nouveau possible de vivre sans avoir peur d’être attaqué ou enlevé, simplement parce que vous ne suivez pas les règles de l’islam.

En plus, un séisme!

Et voilà qu’en pleine nuit, vous êtes réveillé par les premières secousses de ce qui se révélera être le pire désastre naturel du siècle sur cette partie du continent. Dehors, les cris d’enfants et de femmes envahissent les rues. Autour de vous, malgré l’hiver glacial, les gens courent affolés. Certains n’ont même pas pris le temps de mettre des chaussures à leurs pieds. Les bâtiments qui avaient survécu à la guerre s’effondrent à leur tour.

Comment réagiriez-vous à cette nouvelle épreuve? Pourquoi resteriez-vous dans ce pays qui n’en finit pas de s’écrouler?

Ces questions, je les ai posées au Révérend Ibrahim Nseir, l’un des nombreux chrétiens à avoir organisé l’aide d’urgence à Alep dès le lendemain du séisme. Il affirme qu’il restera en ville quoi qu’il arrive. C’est par amour pour ce Dieu, découvert à l’âge adulte, par obéissance aussi, qu’il ne se voit pas vivre ailleurs que là où Il l’a placé.

Des églises à nouveau centres d’espoir

Ibrahim voit aussi que les gens ont besoin d’aide, d’espoir et d’amour. «Notre seule motivation est d’être sel et lumière au cœur de cette situation intolérable, de répondre aux besoins les plus urgents au-delà des étiquettes, des différences. Tous, musulmans comme chrétiens, peuvent venir chercher du soutien et un endroit où dormir en sécurité dans notre église, épargnée par le tremblement de terre», me répond-il.

Le premier jour, avec son équipe, ils ont accueilli 639 personnes, le deuxième 697, le troisième jour, 253 nouvelles personnes sont arrivées. Depuis il a cessé de compter.

Les églises, déjà transformées en centres d’espoir pendant la guerre, trouvent une nouvelle fois la possibilité de répondre à la persécution par l’amour du prochain. De faire une différence dans la vie des membres de leur communauté et par extension pour toute une population.

Sel et lumière là-bas comme ici!

Ce qu’ils ont débuté avec la guerre, ils l’ont poursuivi durant la pandémie et ils ont bien l’intention de ne pas baisser les bras maintenant. Ne pas baisser les bras, ne pas se lasser de faire le bien… Être sel et lumière du monde, cet appel est adressé à chaque chrétien, quel que soit son pays et son contexte.

Transposons avec courage la persévérance d’Ibrahim et des chrétiens syriens dans la réalité qui est la nôtre. Démontrons que nous ne sommes pas indifférents à ce qui leur arrive. Soutenons-les, en faisant un don et en priant pour eux!

Rébecca Reymond
Portes ouvertes

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