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«Les questions que soulève la révocation du droit à l’avortement aux États-Unis» par Christian Bibollet

23 septembre 2022

Christian Bibollet est connu pour ses prises de position publiques en lien avec de grandes questions de société. Il a publié ses articles dans les rubriques « Opinion » de journaux comme « Le Temps », « La Tribune de Genève » ou « 24 Heures ». Radio R l’accueille parmi ses chroniqueurs du vendredi. Il s’exprime dans cette chronique en écho à la révocation du droit à l’avortement intervenue dernièrement au plan fédéral aux États-Unis.

Depuis la décision historique de la Cour suprême des États-Unis d’annuler l’arrêt « Roe versus Wade » de 1973, beaucoup de gens ont le sentiment de vivre un cauchemar. L’état de sidération qui nous a touchés devrait nous faire réfléchir. Après 50 ans de jurisprudence, on est frappé de constater que la question de l’avortement remet brusquement sur le tapis plusieurs questions qui ne relèvent pas du domaine exclusif des libertés individuelles.

 

« Quand un embryon devient-il humain ? »

La première de ces questions est fondamentale : quand un embryon devient-il humain ? Pour certains, l’embryon commence par n’être qu’un amas « anonyme » de cellules. Si c’est le cas, à quel stade de son développement peut-on le considérer comme une personne ? À partir des premiers battements du cœur ? Quand la médecine le considère comme viable ? Il est pratiquement impossible de répondre à cette question de manière scientifique, parce qu’elle suppose, comme le dualisme grec, une séparation entre matière et esprit. C’est ce qu’illustrent les différentes lois sur les délais.

Face à l’impossibilité de déterminer quand un embryon devient une personne, il est plus simple d’admettre que les êtres humains conçoivent et donnent naissance à d’autres êtres humains. Cela implique que, dès sa conception, l’embryon est un corps en devenir doté d’esprit et un esprit habitant ce corps en devenir. Ce fait ne dépend ni du stade de son développement, ni de l’amour de ses parents pour lui, mais de sa condition humaine.

 

« Quel est le rôle de la loi ? »

La deuxième question qui se pose concerne le rôle de la loi. Son but premier est de préserver la vie humaine. Mais qu’est-ce qu’être humain ? Est-ce une qualité partagée par tous ? Les femmes, les esclaves, les gens d’une autre couleur ou d’une autre religion, les enfants et en particulier les enfants à naître sont-ils tous, au même degré, humains ? Les avis ont beaucoup varié à ce sujet au fil du temps et en fonction des cultures. Mais dans les sociétés qui ont bénéficié de l’éclairage biblique, l’idée que les humains portent en eux l’image de Dieu les a progressivement transformées. On a banni la polygamie. L’esclavage a subi le même sort. L’éducation des filles est devenue possible. C’est dans ce contexte de reconnaissance de la dignité de tout être humain que se repose la question de la protection du fœtus.

 

« Quelle est notre conception de la sexualité ? »

C’est ici que se pose la troisième question, sans doute la plus difficile : une société est-elle capable de repenser sa conception de la sexualité ? Je me souviens d’une affiche qui avertissait : « Making Love Makes Babies ! » Elle rappelait qu’une relation intime engage notre responsabilité. Le « Make Love, not War » de la contre-culture américaine des années 60-70 a tourné en dérision la pruderie d’une génération jugée autoritaire et coincée. Ce slogan « Make Love, not War » a aussi contribué à répandre l’idée que la sexualité était naturelle et bonne (ce qu’elle est), et qu’elle pouvait être vécue comme un loisir sans conséquence (ce qu’elle n’est pas). Et voilà que cinquante ans plus tard, le mouvement #MeToo dénonce le fait que le jeu de la sexualité libre désavantage les femmes et qu’il faut siffler la fin de la partie.

La sexualité est un don excellent de Dieu. Bien vécue, elle illumine la vie des conjoints et les conduit à respecter l’image de Dieu dans l’autre. Se reconnaître une telle dignité est la meilleure prévention contre l’avortement. Mais parce que tous n’ont pas une telle conviction, des lois doivent garantir la protection des enfants à naître et il faut, en parallèle, prévoir un accompagnement des femmes qui veulent avorter pour qu’elles puissent considérer les raisons d’y renoncer ou de faire adopter leur enfant.

Christian Bibollet


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