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«Devons-nous aimer les animaux comme nous-mêmes?» par Christian Bibollet

3 mars 2023

Christian Bibollet est membre de la Paroisse de la Rive-Droite de l’Eglise évangélique libre de Genève. Il publie régulièrement des prises de position dans les grands journaux de Suisse romande. Aujourd’hui, il propose sur le site de Radio R et dans la chronique d’« Un R d’Actu du Vendredi » une opinion sur le spectacle « Soya The Cow » de Daniel Hellmann, donné le 14 février dernier à Genève.

« Devons-nous aimer les animaux comme nous-mêmes ? » C’est une question qu’on peut se poser aujourd’hui.

Si vous êtes tombés sur la photo qu’ont publiée quelques quotidiens récemment, la scène vous a peut-être choqué. On y voyait « Soya the cow », une vache drag-queen, enfoncée jusqu’à la taille dans une mare boueuse, en compagnie de cochons (« Le Temps », 8.2.2023). Daniel Hellmann, l’artiste qui incarne cette vache militante explique son action : pour lui, l’idée que les vaches broutent tranquillement dans les prés est un mensonge. En Suisse, on parque dans des hangars déprimants des bêtes qu’on gave industriellement avant de les envoyer en boucherie. 83 millions d’entre elles connaissent ce destin chaque année. Il n’hésite donc pas à suggérer que notre indifférence à leur sort et notre complaisante consommation de viande sont responsables de cet intolérable scandale.

 

Convertir au véganisme

Il faut reconnaître à cet artiste le courage de pousser son identification aux bovins assez loin. Et la mesure de son engagement est sans doute à la hauteur de son ambition de nous ramener aux temps originels, où l’homme ne tuait pas d’être vivant pour se nourrir. Dans son spectacle « Dear Human Animals », il reconnaît d’ailleurs avec une pointe d’humour, qu’il ne vise à rien moins que convertir ses spectateurs au véganisme.

D’un point de vue chrétien, il y a cependant deux éléments qui remettent en question son militantisme bien dans l’air du temps. Le premier, c’est que dans le deuxième récit de création de la Genèse Adam n’a jamais considéré les animaux comme d’autres humains. Ce n’est pas faute d’y avoir réfléchi. Après leur avoir donné des noms, il s’est en effet rendu compte qu’il était seul de son espèce. Le second élément, c’est que, juste après, Dieu a créé à partir d’une des côtes d’Adam celle qu’Adam a immédiatement reconnue comme étant vraiment chair de sa chair et os de ses os, tout en étant une personne vraiment distincte de lui (voir Genèse 3).

 

Primauté de l’humain devant Dieu

Ignorer ces deux éléments permet à cet artiste de rêver d’un monde où domine l’amour, où il est possible d’imaginer que les êtres humains et les animaux partagent une égale dignité et qu’hommes et femmes jouissent d’une complète fluidité de genre. Car, Daniel Hellmann en est convaincu, c’est notre insistance à voir des différences entre êtres humains et animaux ainsi qu’entre hommes et femmes qui produisent les inégalités et les injustices qu’il combat.

Mais quand on examine son rêve de nous faire aimer les animaux comme nous-mêmes et notre femme comme l’homme qu’elle a le loisir de devenir, ce rêve apparaît pour ce qu’il est : une pure fantaisie. Son récit vient contredire en effet celui de la création et ignore allègrement la réalité biologique des êtres vivants.

 

Des différences biologiques

Hommes et femmes ont toujours « su » qu’ils étaient différents des animaux et l’un de l’autre. Mais aujourd’hui, la biologie le prouve. Le fameux chromosome « Y » qui détermine le sexe biologique masculin est présent dans toutes les cellules du corps. C’est ce qui explique que le cerveau d’un homme, ses tissus musculaires, son squelette, sa peau, ses cheveux, etc., diffèrent de ceux d’une femme. En outre, ces différences biologiques semblent influer sur la personnalité des hommes et des femmes, et sur leurs intérêts différents pour le monde qui les entoure.

Face à de telles différences, l’humilité et la générosité sont les ingrédients nécessaires aux relations humaines. Qu’ils soient mariés ou célibataires, hommes et femmes ont besoin, pour vivre ensemble, de recevoir de l’autre ce qu’ils n’ont pas et d’offrir à l’autre ce qu’ils sont. Et le nom de ce partage, c’est l’amour dans son sens le plus noble.

 

Pas de grand Soir à l’horizon !

Certains le regretteront, mais la révolution végane et transgenre ne donnera pas naissance à un monde meilleur. Elle peut dénoncer certaines injustices, elle peut invoquer la compassion et l’amour pour rallier des supporters. Mais elle échouera, parce qu’elle n’évoque jamais la cause première des violences qu’elle dénonce et de beaucoup d’autres qu’elle ignore. L’être humain a besoin de plus qu’une société « réglée » par la tolérance et l’éradication des inégalités. Il a besoin d’un changement de cœur et d’esprit. Il a besoin de naître à un nouveau moi. Et cette révolution-là, elle passe par la croix où Christ, en subissant à notre place la condamnation que méritaient nos péchés, nous a réconciliés avec Dieu, avec nous-mêmes et les autres, et avec la création.

Christian Bibollet
Editorialiste

Ecouter la chronique de Christian Bibollet du 3 mars 2023.


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