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Sylvie Guenot : Peut-on avoir réellement la foi et être ce que nous appelons : un(e) hyperémotif(ive) ?

27 septembre 2021

Je suis actuellement en formation afin de devenir pasteur. Durant de nombreuses décennies il a été considéré que le pastorat était réservé aux hommes. Je travaille donc dans un monde d’hommes, avec et parmi une équipe d’hommes. Ce qui n’est pas forcément facile pour une femme et l’est encore moins en étant une hyperémotive. Car effectivement, j’en suis une….

L’idée de ce moment ensemble étant de partager avec vous quelque chose de l’actualité ou de notre actualité, je suis venu vous parler d’un sujet dont nous parlons peu et qui lorsque nous en parlons c’est souvent avec de la gène car c’est un sujet “tabou” à beaucoup d’endroits….. Il s’agit des : “émotions”… Car la question que je me suis posée et qui m’a été posée est : Peut-on avoir réellement la foi et être ce que nous appelons : “ un(e) hyperémotif(ive)”? Je suis actuellement en formation afin de devenir pasteur. Durant de nombreuses décennies il a été considéré que le pastorat était réservé aux hommes. Je travaille donc dans un monde d’hommes, avec et parmi une équipe d’hommes. Ce qui n’est pas forcément facile pour une femme et l’est encore moins en étant une hyperémotive. Car effectivement, j’en suis une….

Mon cheminement
On dit souvent que nous vivons dans un monde “de brutes”, dans lequel nous ne pouvons pas exprimer nos sentiments ni nos émotions . Pour moi c’était une réalité. Durant de nombreuses années, j’ai eu des réflexions du genre :“ne fait pas ta sensiblerie, c’est gênant. Tu nous fait honte !”… Ou encore :“Si tu veux être pasteur, tu dois te forger un caractère fort.” Ce qui sous-entendait qu’avoir des émotions était un manque de caractère, une faiblesse. J’ai donc essayé de cacher mon émotivité, puisque cela semblait être un grand défaut. J’ai tenté de garder mes émotions pour moi, de les “ravaler” comme me disait certains. Mais bien évidemment ça ressortait autrement. Par des nuits blanches, des angoisses, du stress, des peurs. J’évitais d’aller à certaines réunions dans lesquelles je savais que nous allions parler de sujets qui risquent d’éveiller en moi des émotions. Ou alors j’y allais, mais j’étais muette comme une carpe, n’osant à peine respirer. De peur que si je respirais, cela trahirait mes émotions. Bien-sûr, j’étais mal dans ma peau, car nous ne pouvons pas vivre bien lorsque nous devons cacher qui nous sommes réellement. Et je sais que je ne suis pas la seule, que beaucoup parmi nous vivent des choses semblables et sont découragés, n’osant pas exprimer leurs sentiments ni leurs émotions.

La révélation
Je me suis donc penché sur la question et, il y a peu de temps, je suis tombé sur un passage de la Bible, qui parle de manière particulière des “émotions”. Aussi aujourd’hui je vous invite à regarder ensemble ce qui est écrit car cela pourrait peut-être nous aider…. Lecture Nouveau Testament, Evangile de Luc 7 verset 11 à 15 : La veuve de Nain. Ce passage de l’évangile de Luc, se passe au tout début du ministère de Jésus, très certainement dans la première année de celui-ci. Dans les récits précédents , nous pouvons voir que Jésus avait été appelés plusieurs fois par ou pour quelqu’un afin de faire une guérison ou un miracle. Nous pourrions dire que Jésus était célèbre pour ses miracles et il était très demandé …..

Après avoir fait différents miracles , Jésus poursuivit son chemin, avec ses disciples et une grande foule qui les suivait, nous dit le texte, pour se rendre à Nain, une petite ville, à environ 40 km de là où il était précédemment. Nous avons là, un cortège heureux. Une grande foule gonflée à bloc et dans la joie de tous ces miracles vus et accomplis. On peut dire que c’est un cortège bien vivant qui se déplace dans la bonne humeur, les rires. Nous pouvons dire qu’il s’agit là du cortège de la vie….. En arrivant à Naïn, ce cortège se trouve face à un cortège funéraire à la tête duquel marche une femme. Une veuve qui vient de perdre son fils unique nous dit le texte (verset 12)….. On a donc là une femme qui est désormais seule, puisqu’elle n’a plus de mari et en plus elle vient de perdre son fils unique. Une femme dont l’avenir vient d’être hypothéqué par la mort!

Car en effet, comment une femme sans mari, sans descendance masculine, pouvait elle survivre dans le Proche Orient Ancien dans lequel seul les hommes étaient autorisés à travailler ? Qui allait subvenir à ses besoins ?….
Elle n’avait plus de statut social, ni de revenu économique. Elle avait tout perdu, et alors qu’elle marche là, seule en tête de ce cortège, arrive en face d’elle, le cortège de la vie, duquel Jésus semble lui aussi marcher en tête.
Jésus et cette femme se retrouvent donc tous les deux dans un face à face… Et là, dans ce face à face, Jésus-Christ, réagit à ce qu’il voit et sa réaction nous est révélée aux versets 13 .
“Jésus la voit, et il fut profondément ému de compassion et il lui dit “Ne pleure pas!” “

Jésus le Christ, est saisi d’une très forte émotion
Il s’agit là d’une émotion qui le saisit jusqu’au plus profond de lui, car le verbe grec utilisé signifie : “être remué dans ses entrailles”. Donc à ce moment là, face à ce qui se passe là devant lui; face à l’insoutenable détresse à
laquelle il assiste, Jésus le Christ, est saisi d’une très forte émotion venant du plus profond de lui, venant de ses entrailles. Une émotion extrême, disent certains spécialistes de la Bible ….. Bien sûr il ne s’agit pas là d’une émotion désordonnée. Il s’agit plutôt d’une émotion profonde, sincère. Une de ces émotions qui nous met en route. Et on voit bien que c’est le cas, puisqu’il est écrit “Jésus s’approcha et toucha le cercueil.”

Et si on regarde bien le texte, contrairement aux miracles précédents, nous pouvons voir que Jésus ne répond ici à aucune demande. Ni à une demande qui viendrait de cette femme, ni à une demande qui viendrait d’une
personne de son entourage. Il n’est ici donc nullement question de foi. Ni de la part de cette veuve, ni de la part des personnes qui l’accompagnent dans le cortège. Jésus-Christ, seul a pris l’initiative d’agir, et il l’a fait pour la seule et unique raison qu’il a été “ profondément ému de compassion”….Jésus n’a pas “bloqué” cette émotion qui est montée du fond de ses entrailles ! Et personne n’a dit à Jésus “Ne fait pas ta sensiblerie, c’est gênant”…ou “Voyons Jésus, tu dois être fort et te forger le caractère.” Pas du tout ! Et ainsi, cette émotion est devenue une action qui va être mise au service du bien de cette mère et de ce fils, car on le voit aux versets suivants (14 et 15), Jésus ressuscita ce fils afin de le rendre à sa mère et de leur redonner à tous deux une vie digne d’être vécue….

Jésus avait vu le désarroi de cette femme. En un regard, il a vu tout ce qui se jouait, et il a agi. Il n’était pas là pour faire des miracles, il n’était pas là pour gagner la foule à sa cause. Jésus était là avec son cœur “ profondément ému de compassion” et Il a agi pour donner à cette mère et à ce fils, “un avenir et une espérance”……..

L’essentiel : richesse ou faiblesse ?
Bien souvent nous bloquons nos émotions ou empêchons les autres de vivre les leurs. Mais à vouloir tout contrôler, on ne vit plus !

Personnellement, ce passage de la Bible m’a encouragé en me permettant de comprendre que l’émotion fait partie de nos vies. Elles sont le signe que nos corps, nos cœurs, notre être entier, réagissent à quelque chose.
Du coup ça m’a aidé à ne plus rejeter mes émotions, mais plutôt à apprendre à les connaître afin de mieux comprendre ce qu’elles veulent me dire. J’ai aussi appris à oser dire à mes collègues : « Je suis ce qu’ on appelle une hyperémotive » et leur parler de ce passage et de Jésus et ses émotions. Et mes collègues et les personnes que je côtoie apprennent petit à petit à composer avec mes émotions. Quelques fois quand l’une d’entre elles est très forte et me coupe la voix, certains me disent . “respire Sylvie, ça va aller”…

Si j’ai choisi d’en parler aujourd’hui, c’est parce qu’il me semble important que comme Jésus-Christ, nous puissions accueillir nos émotions ou celles des autres, comme une richesse et non pas comme une faiblesse ou un handicap. Car en retenant nos émotions ou en obligeant les autres à retenir les leurs, cela revient à faire de la rétention d’informations. Car une émotion est une réaction à quelque chose que nous voyons ou entendons. La bloquer, peut créer des blocages dans nos relations avec les autres mais aussi, dans notre façon d’aborder certaines situations. Ce qui je pense est bien dommage. Car, Jésus ne change pas et à l’heure actuelle, maintenant en 2021, quelques soit nos difficultés, nos peurs, nos doutes, nos défis, Jésus le Christ, a encore et toujours “le coeur profondément ému de compassion pour nous”. Et en laissant ainsi s’exprimer Ses émotions, il nous montre qu’il nous rejoint dans les nôtres. Il nous montre qu’il prend soin de nous, même à travers nos émotions, car le Christ nous aime avec nos émotions et malgré elles. Il sait ce que c’est que d’en avoir ! Et aujourd’hui encore, il nous dit “Ne pleure pas !”….

En nous tendant ainsi la main, Jésus-Christ nous invite à quitter le cortège qui nous enferme dans la honte d’être des hyperémotifs et d’une certaine manière nous conduit à la mort de qui nous sommes réellement.
Jésus nous invite à quitter ce cortège sombre pour le suivre et marcher à sa suite dans le cortège de la vie, comme le firent la veuve de Naïn et son fils désormais vivant….

Ma prière pour vous
Alors aujourd’hui, ma prière pour vous, pour nous, est que : Nous n’ayons plus honte d’être des hyperémotifs(ve) ou d’avoir dans notre vie ou dans notre équipe une personne hyperémotive, car nous pouvons avoir la foi et être un(e) hyperémotif(ve). Et j’espère que nous pourrons désormais apprendre à vivre, travailler et fonctionner ensemble les uns avec les autres, malgré notre hyperémotivité. Afin qu’ensemble, nous puissions désormais laisser pleinement vivre en nous ces émotions porteuses de vie, qui avec l’aide de Dieu peuvent nous aider, à tendre à notre tour la main à notre prochain afin de l’aider et le soutenir dans ses propres souffrances et ses propres émotions et pouvoir à notre tour lui dire : “Ne pleure pas !”…

Voilà, chers amis, c’est ici que s’arrête notre partage de ce jour.
Je vous souhaite une belle journée et je vous dis à bientôt sur les ondes de Radio R….

Sylvie Guenot de La Chaux-de-Fonds.
J’ai des enfants qui sont de jeunes adultes. À l’âge de 46 ans j’ai repris mes études à mi-temps pour obtenir 7 ans après, un bâchelor en Théologie à l’Institut Biblique et Missionnaire d’Emmaüs de Saint-Légier. Je fais partie de la dernière volée des étudiants diplômés, en juillet 2019, de l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs de Saint-Legier, avant que l’Institut ne devienne HET Pro.
Ce que j’aime, partager pleins de moments avec mes enfants, ma tribu comme je les appelle, et mes amis. J’aime aussi faire de grandes ballades dans la campagne avec mon chien, la lecture, le cinéma et les voyages. Et j’aime mon métier de pasteure qui me fait rencontrer plein de personnes tellement différentes les une des autres. Dans ma vie avec Dieu, ce qui m’a interpellé c’est sa fidélité en tout temps et chaque instants de nos vies, même dans les pires moments. Ma devise est cette célèbre citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux »

 

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